Que justice soit rendue aux 11 victimes de violences policières en Angola.
Depuis la déclaration de l’état d’urgence pour endiguer la pandémie de COVID-19 en mars 2020, les forces de sécurité angolaises ont fait usage d’une force injustifiée, excessive, abusive, voire meurtrière dans plusieurs provinces pour réprimer les infractions aux mesures de santé publique et les manifestations pacifiques. Amnesty International et OMUNGA, une organisation angolaise de défense des droits humains, ont recueilli des informations sur plusieurs manifestations pacifiques ayant donné lieu à des violences policières. Les deux organisations ont également signalé plusieurs homicides commis par les forces de sécurité angolaises, notamment la police nationale (Polícia Nacional de Angola, PNA) et les forces armées (Forças Armadas Angolanas, FAA).
Trois ans se sont écoulés depuis la mort de ces 11 jeunes et, à ce jour, seuls deux des membres des forces de sécurité soupçonnés de porter une responsabilité dans ces homicides ont été déclarés coupables. Les autres n’ont pas été amenés à répondre de leurs actes, et les victimes et leurs familles n’ont pas eu accès à la justice ni à des recours utiles. L’un des deux policiers reconnus coupables purge une peine de deux ans et trois mois d’emprisonnement, tandis que l’autre, condamné à six ans et demi, est toujours en fuite.
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Monsieur le Président de la République,
Je vous écris pour vous faire part de mes inquiétudes quant à la répression grandissante des manifestations qui se caractérise par des arrestations arbitraires, un recours excessif à la force et des homicides illégaux de manifestant·e·s imputables aux forces de sécurité en Angola.
En 2020, au plus fort de la pandémie de COVID-19, le droit de manifester a été limité dans le pays par une utilisation excessive et disproportionnée de la force. Entre mars et novembre 2020, Amnesty International et OMUNGA, une organisation locale, ont recensé 11 homicides commis par des agents des forces de sécurité. Parmi les victimes figuraient huit adolescents âgés de 14 à 17 ans. La mort de ces adolescents, imputable aux forces de sécurité, nous rappelle tristement que personne ne devrait payer de sa vie le simple fait d’exercer son droit de manifester pacifiquement.
Trois ans se sont écoulés depuis la mort de ces 11 jeunes et, à ce jour, seuls deux des membres des forces de sécurité soupçonnés de porter une responsabilité dans ces homicides ont été déclarés coupables. Les autres n’ont pas été amenés à répondre de leurs actes, et les victimes et leurs familles n’ont pas eu accès à la justice ni à des recours utiles. L’un des deux policiers reconnus coupables purge une peine de deux ans et trois mois d’emprisonnement, tandis que l’autre, condamné à six ans et demi, est toujours en fuite.
Bien que les mesures liées au COVID-19 aient été allégées, la répression et les agressions brutales visant des manifestant·e·s n’ont pas diminué. D’autres décès ont été enregistrés entre 2021 et 2022. En janvier 2021, des dizaines de jeunes ont été tués dans des affrontements entre la police et des manifestant·e·s à Cafunfo. Le 4 février 2021, l’un des organisateurs du défilé contre les violences policières a reçu une balle dans la jambe. Celle-ci n’a toujours pas été extraite car il n’a pas pu bénéficier des soins médicaux dont il avait besoin. Comme dans d’autres cas, personne n’a été amené à rendre de comptes. En août 2022, 12 jeunes de Benguela ont été détenus et torturés par des agents des forces de sécurité dans le contexte d’une tentative de manifestation contre les résultats des élections.
J’en appelle à vous, Monsieur le Président, pour que vous ordonniez aux agents chargés de l’application des lois et aux membres des forces de sécurité de cesser immédiatement d’avoir recours à une force excessive lors des manifestations en Angola et de mettre fin à la culture de l’impunité, en veillant à ce que les autorités mènent des enquêtes rapides, approfondies, indépendantes, impartiales, transparentes et efficaces sur les cas d’arrestations arbitraires, de torture et d’homicides concernant les personnes suivantes :
- Mário Palma Romeu – Marito, 14 ans
- Altino Holandês Afonso – Hernani, 15 ans
- Helena Sebastião Mussunda, 15 ans
- Mabiala Rogério Ferreira Mienandi – Kilson, 15 ans
- Clinton Dongala Carlos, 16 ans
- João de Assunção Eliseu, 20 ans
- António Vulola, 21 ans
- Vanildo Sebastião Futa, 21 ans
- José Quiocama Manuel, 23 ans
- Sílvio Dala, 35 ans
- Inocêncio de Matos, 26 ans
Je vous exhorte également à ordonner aux forces de sécurité de ne plus employer la force meurtrière.
Je prie instamment les autorités angolaises de garantir que les manifestant·e·s puissent exercer librement leurs droits aux libertés d’expression et de réunion pacifique, qui sont inscrits dans la Constitution angolaise et dans les traités internationaux relatifs aux droits humains, dont le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, auxquels l’Angola est partie.
Personne ne devrait avoir à craindre pour sa vie lors d’une manifestation. Manifester n’est pas un crime.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.